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La Sahti : un riche élixir au cœur de la forêt finlandaise (2e partie)

SahtiChapeaux

L’importance culturelle de la Sahti dans certaines régions de Finlande est telle qu’elle saoule les prêtres et fait gémir les vaches. Du moins, c’est ce que raconte le charismatique Hannu, propriétaire d’une ferme laitière aux abords du village de Sysmä.

Entre autres, il dit que lorsqu’il était jeune, un nouveau prêtre est arrivé dans la région. Celui-ci a promis deux choses à ses fidèles : 1) qu’il allait remplir l’église à nouveau et 2) qu’il allait s’assurer que les gens de sa paroisse aient l’âme pure en cessant de boire de l'alcool (et donc, de la Sahti). Sur ce dernier point, une vieille dame répondit haut et fort : « Ça ne fonctionnera pas, bonhomme! » Quelques semaines plus tard, un étranger se présente à la foire du village et accoste la vieille dame au kiosque où elle vend, bien sûr, sa Sahti. Il aimerait lui acheter cinq litres de bière. La demande ne la surprit guère, mais elle prit son temps pour dévisager l’étranger. Après mûre réflexion, elle répondit : « Oui, j’ai de la bonne Sahti, mais… PAS POUR LES PRÊTRES! ». De toute évidence, le jeune prêtre était tellement tombé sous le charme de la Sahti locale depuis son arrivée qu’il avait cru bon se déguiser pour en acheter…

SahtiFerme

Le sympathique Hannu renchérit avec un autre croustillant exemple. Lorsque sa famille s’est fait construire une nouvelle maison sur sa ferme, le prêtre du coin a été invité à la bénir. Pour l’occasion, une grande fête a été organisée et près d’une centaine de personnes se sont présentées. L’occasion était parfaite pour offrir de la Sahti maison, brassée une couple de semaines auparavant. Le prêtre a particulièrement aimé la bière richement maltée… Il en a même tellement bu qu’il s’est endormi sous un arbre près de l’étable. Sa femme l’a éventuellement retrouvé dans la soirée et a appelé un taxi pour pouvoir l’accompagner jusqu’à son lit. Une fois le prêtre bien couché, sa femme est revenue à la fête. Mais quelques moments plus tard, des cris se sont fait entendre à la ferme. Tout le monde s’est retourné et on a éventuellement vu quelqu’un arriver en vélo. C’était le prêtre, vacillant. Il criait à tue-tête : « EST-CE QU’IL REEESSSTE DE LAAA SAAAAAHHHTTIIIII???? »

Nous terminons nos verres alors que Hannu conclut ses histoires et remarque que son pichet, le deuxième qu’il met sur la table, est vide. Il clame ensuite avec enthousiasme : « Excellent, il n’y a plus de Sahti! Ça veut dire que je vais pouvoir en brasser de nouveau. Ce sont mes vaches qui seront contentes. » C’est que, comme tout bon fermier, il donne les drêches de son brassin à son troupeau, qui meugle d’approbation devant cette gâterie d’occasion. Un cri, nous pouvons l’imaginer, pas très différent de celui du prêtre sur son vélo.

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Une des belles granges sur la ferme de Hannu

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