Éditorial

La bière: une affaire de famille

Allemagne

Ce n’est pas parce que le temps des fêtes est terminé qu’il faut cesser de fréquenter sa famille en mode festif. Dans ces occasions, bien que la modération ait meilleur goût, l’alcool soulève et soulèvera toujours la gaieté de nos rassemblements. Qu’on le veuille ou non, nos enfants sont exposés à cette réalité et prennent ainsi conscience très tôt du rôle de lubrifiant social qu’exerce la bière lors de la période la plus festive de l’année.

Au Québec comme ailleurs dans le reste de l’Amérique du Nord, il est mal perçu d’exposer un enfant à la bière. Comme les spiritueux et, dans une moindre mesure, le vin, la bière semble maintenir une connotation négative, du moins dans les lieux publics. En effet, bien rares sont les enfants québécois dans les débits de boisson. Certes, les horaires de ces derniers sont souvent incompatibles avec les routines familiales, mais même au milieu de l’après-midi, la marmaille fait rarement acte de présence dans les bars et brouepubs.

Les coureur des boires

Par cette observation, nous visons moins un changement des mœurs que de relever un contraste entre la situation nord-américaine et celle qui prévaut dans plusieurs contrées européennes. L’exemple le plus frappant est possiblement celui de l’Allemagne. Ce pays, pourtant reconnu pour sa rectitude généralisée, ouvre toutes grandes les portes de ses brasseries aux bambins. Quelques tables de pique-nique, des enfants qui rigolent, grimpent et sautent, des papas et des mamans la chope à la main, voilà une scène on ne peut plus commune en Allemagne rurale. La bière n’y est qu’une excuse afin de réunir le village, enfants comme parents, dans un lieu neutre dans lesquels tous sont bienvenus. Les enfants y côtoient d’autres enfants et sont bien trop occupés à jouer pour comploter un quelconque passage vers l’alcoolisme. Les parents y socialisent tout en gardant un œil sur les heureux gamins et gamines. La vie, quoi, mais sous une différent culture.

Ici, de telles célébrations tendent à se limiter aux lieux privés, des repas entre amis qui s’adonnent à avoir des enfants. Souffrons-nous d’hypocrisie collective ou de la peur du regard d’autrui? Est-ce que cette différence culturelle découle de la perception négative de l’alcool en Amérique du Nord ou de l’inconscience collective des Allemands? Nous vous laissons en débattre. Mais il serait peut-être temps chez nous de déstigmatiser la bière, ça c’est certain.

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